Rénover et
réhabiliter

Le pisé ne travaille qu’à la compression
Comme la plupart des murs en terre, le pisé est capable de supporter d’importantes charges en compression, mais ne résiste pas aux efforts de traction ou de flexion. C’est ce qui explique les fréquentes fissures verticales, des ruptures liées au tassement différentiel des bâtiments.
Pour empêcher l’apparition de ces fissures, il faut répartir
les charges uniformément sur les murs, et drainer convenablement l’environnement du bâtiment, car le pisé perd sa résistance à la compressions’il est imbibé d’eau.

Quelques règles pour éviter les désordres structurels :

• Éviter tous les problèmes liés à une présence d’eau trop abondante dans les sols, dans les murs ou à proximité
• Percer les nouvelles ouvertures loin des angles
• Ne pas faire de grandes ouvertures larges avec linteau béton entraînant un tassement des jambages
• Bien répartir les charges ponctuelles de poutres ou de fermes
• Ne pas affaiblir les murs en pisé en pratiquant des saignées trop profondes horizontalement ou verticalement

RÉALISER DES SOLS INTÉRIEURS
En rénovation, la principale exigence des sols est de laisser passer l’humidité pour éviter de concentrer l’humidité par remontées capillaires dans les murs. L’idéal est de pouvoir créer une dalle perspirante sur hérisson ventilé. Cette dalle peut intégrer des couches isolantes (chauxpouzzolane ou chaux-chanvre par exemple) mais elle doit permettre les échanges d’humidité. Il faut absolument éviter l’usage de matériaux étanches
tels que les carrelages, les chapes de ciment, etc. L’insertion d’un film plastique sous la dalle est à proscrire.

Réalisation d’un sol intérieur «respirant».

CRÉER UN PLANCHER
L’intégration de nouveaux planchers en bois est courante et tout à fait adaptée aux structures en pisé. Plusieurs possibilités existent : poutres maîtresses intégrées dans le mur, plancher sur muraillères fixées le long des murs ou plancher sur poteaux constituant une structure indépendante. Dans tous les cas, les éléments porteurs intégrés dans le pisé doivent reposer sur une large semelle de répartition pour éviter les efforts de poinçonnement.Les planchers béton sont à éviter car ils engendrent une surcharge importante du pisé. Leur mise en oeuvre requiert des tailles importantes dans les murs ce qui fragilise la structure.

Réalisation d’un plancher sur muraillère.

RÉPARER LES MURS
De nombreuse techniques existent pour reprendre les différentes dégradations du pisé : cavités dans les murs, fissures, base érodée, angles et sommets de mur abimés ou défauts esthétiques des la surface des murs (non structurelles). Avant toute reprise de mur, il faut vérifier la stabilité de l’ouvrage et ne pas déséquilibrer la construction lors de l’intervention.

Reprise de fissures

Gérer les abords
Les bâtiments anciens n’étaient pas équipés de drains souterrains.
Si un drain est mis en oeuvre, il faudra l’installer à plusieurs mètres
des murs, pour éviter toute accumulation d’eau sous le bâtiment.

Le pisé se répare avec de la terre
Le pisé ne se marie qu’avec les matériaux partageant les mêmes comportements aux variations d’humidité et de température. L’ajout de matériaux rigides tels que le parpaing de ciment ou le béton armé sur une structure en pisé est esthétiquement malheureux et structurellement risqué, car le mélange des matériaux engendre des comportements différentiels favorables aux déversements, poinçonnements, ruptures et écroulements. Les reprises doivent se faire à la terre pour préserver à la fois l’intégrité physique de la structure et l’harmonie esthétique des murs. Quelle que soit la technique de mise en oeuvre de la terre retenue, des essais préalables ou les conseils d’un professionnel spécialisé sont indispensables.

CRÉER DES OUVERTURES
La création d’ouvertures est une étape
incontournable dans la réhabilitation de granges en pisé pour accueillir des logements. Les ouvertures vont apporter la lumière et la ventilation, et révéler un langage architectural contemporain qu’il faut soigner. Les proportions verticales des ouvertures traditionnelles doivent inspirer les nouveaux percements, qui peuvent être plus grands, mais qui doivent garder le même rapport hauteur/largeur. Les ouvertures doivent également s’aligner sur celles existantes et respecter la composition des façades. Il est préférable de composer verticalement plutôt que horizontalement pour la réalisation de grandes ouvertures, de préférence sur toute la hauteur du mur.

VALORISER L’HISTOIRE DES MURS
Les murs en pisé sont souvent constellés de percements racontant des histoires, comme les «trous de boulins » qui révèlent la technique de mise en oeuvre de la terre.Certaines cavités indiquent l’emplacement d’un élément démonté et nous renseignent sur des usages disparus.Boucher ces trous pour lisser les murs reviendrait à effacer toutes les histoires qu’expriment les façades.

État initial d'une ferme en pisé

Proposition 1 : de nouveaux percements sont réalisés en
respectant les proportions et le rythme de l'existant

Proposition 2 : Des ouvertures verticales sur toute
la hauteur du mur sont possibles, elles seront de
préférence réalisées en continuité de l'existant. Des
parties de mur en pisé très dégradées (fissure, ravine,
effondrement) peuvent être également un endroit
privilégié pour réaliser ce type d'intervention

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